Face aux préoccupations croissantes concernant l'impact des smartphones sur la santé mentale et la concentration des élèves, plusieurs établissements scolaires au Royaume-Uni expérimentent des solutions pour limiter, voire bannir, leur usage. Ces initiatives, allant de l'interdiction totale à l'utilisation de téléphones basiques, montrent déjà des résultats prometteurs en matière de bien-être et de réussite scolaire.
Une expérience radicale : 21 jours sans smartphone
À Colchester, au nord-est de Londres, The Stanway School a lancé une initiative inédite : un défi de 21 jours sans smartphone, ni à l'école ni à la maison. Cette expérience, menée depuis septembre 2024, vise à étudier les effets d'une déconnexion totale sur la santé mentale des élèves.
Selon John Player, le proviseur de l'établissement, les résultats sont impressionnants : "20 % des symptômes liés à l'anxiété et à la dépression ont disparu après seulement trois semaines". Ce constat souligne l'impact positif d'une pause numérique sur le bien-être des jeunes.
Un changement bénéfique pour les élèves
Pour Scarlett, une élève de 13 ans, cette expérience a marqué un tournant décisif. "Avant, je souffrais d'angoisses constantes. Depuis que j’ai arrêté d’utiliser mon téléphone, mes crises ont presque disparu", témoigne-t-elle. Scarlett a réduit son temps d'écran de six heures à trois heures par jour, une transformation qu'elle décrit comme salvatrice.
L'interdiction totale : l'exemple de The Fulham Boys School
À Londres, The Fulham Boys School a opté pour une approche encore plus stricte : l'interdiction complète des smartphones. Les élèves n'ont droit qu'à des téléphones basiques permettant uniquement les appels et les SMS.
Cette mesure, bien que controversée au départ, produit des effets immédiats selon James Faulconbridge, professeur d'histoire et de politique : "Les élèves sont plus concentrés, plus enthousiastes, et les cas de harcèlement ont nettement diminué". Ces observations mettent en lumière les avantages d'un environnement scolaire déconnecté.
La réaction des parents : entre inquiétude et soulagement
Si certains parents étaient réticents à l'idée de ne plus pouvoir géolocaliser ou contacter facilement leurs enfants, beaucoup reconnaissent aujourd'hui les bénéfices de cette politique. Clémence Mayans, mère d'un élève, admet : "Au début, c'était stressant de ne plus pouvoir le suivre, mais finalement, on lui fait plus confiance et il a gagné en autonomie".
Une initiative parentale : le pacte anti-smartphone
Dans la ville de Hitchin, des parents prennent eux-mêmes l'initiative de limiter l'accès aux smartphones. Richard et Jessica Bowdler ont convaincu la moitié des parents d’élèves de ne pas fournir de téléphone portable à leurs enfants avant l'âge de 14 ans.
Richard explique leur démarche : "Si seuls quelques parents interdisent les smartphones, cela ne fonctionne pas. Mais avec un engagement collectif, les enfants ne se sentent plus exclus". Grâce à cette mobilisation, un élève sur deux âgé de 11 ans dans leur école n'a pas de téléphone portable.
Un mouvement national en pleine expansion
Ce mouvement prend de l'ampleur : plus de 80 000 parents à travers l’Angleterre ont signé un pacte s'engageant à ne pas donner de smartphone à leurs enfants avant l'âge de 14 ans. Ce phénomène reflète une prise de conscience collective quant aux dangers d'une exposition précoce aux écrans.
Les avantages d'une déconnexion numérique chez les jeunes
Ces différentes initiatives montrent des résultats positifs à plusieurs niveaux :
- Amélioration de la concentration : Moins de distractions en classe permettent une meilleure assimilation des cours.
- Réduction du harcèlement : Moins d'accès aux réseaux sociaux limite les situations de cyberharcèlement.
- Bien-être mental : Diminution des symptômes d'anxiété et de dépression chez les élèves.
- Autonomie accrue : Les enfants apprennent à se débrouiller sans dépendre constamment de la technologie.
Vers une généralisation de ces pratiques ?
Alors que la France a interdit l’usage du téléphone portable dans les collèges depuis 2018, l’application de cette mesure reste compliquée. Les initiatives britanniques offrent ainsi des pistes intéressantes pour limiter l'addiction numérique et encourager un usage plus raisonné de la technologie chez les jeunes.
Avec des résultats aussi probants, il est possible que d'autres pays suivent l'exemple du Royaume-Uni pour promouvoir un cadre scolaire plus sain et plus propice aux apprentissages.
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