Le concept de « recrutement tranquille » connaît une montée en popularité dans le monde du travail. Bien qu'il ne s'agisse pas d'une pratique entièrement nouvelle, elle prend une ampleur considérable ces derniers temps. Cette approche repose sur le fait de puiser dans les ressources internes d'une entreprise pour promouvoir certains employés vers des postes plus élevés, souvent sans que ces derniers aient demandé une telle promotion. Cependant, cette méthode présente de multiples répercussions pour les salariés, notamment en termes de charge de travail et de rémunération.
Qu'est-ce que le "Quiet Hiring" ?
Le « recrutement tranquille » consiste essentiellement à redistribuer les responsabilités au sein d'une entreprise, sans recruter de nouvelles personnes, qu'elles soient permanentes ou temporaires. Plutôt que d'ouvrir un poste ou de faire appel à un intérimaire pour répondre à un besoin particulier, l'entreprise préfère faire appel à ses employés existants pour assumer des tâches supplémentaires. Cela peut se traduire par un élargissement du périmètre de responsabilité d'un salarié, parfois sans une rémunération salariale correspondante.
En d'autres termes, le salarié se voit assigner des fonctions supplémentaires, souvent en dehors de ses attributions habituelles, pour remplir des rôles plus stratégiques. L'entreprise profite ainsi de cette méthode en entraînant les frais liés à l'embauche de nouveaux collaborateurs, ainsi que les erreurs potentielles liées à de nouveaux recrutements. En contrepartie, l'employé bénéficie de nouvelles expériences et peut progresser dans la hiérarchie de l'entreprise, tout en acquérant des compétences supplémentaires. "Les employés les plus motivés et performants seront ceux qui accèdent aux postes les plus influents ou intéressants", explique Damien Richard, chercheur à l'INSEEC, dans une interview à France Inter.
Les dérives possibles du "Quiet Hiring"
Des entreprises, comme Meta, ont ouvertement adopté le « quiet Hiring », une méthode qui est particulièrement populaire dans le secteur technologique. Par exemple, Mark Zuckerberg a récemment annoncé que certains postes restaient vacants au sein de l'entreprise, tout en respectant les exigences de performance des employés. Ceux qui ne parviennent pas à répondre aux objectifs fixés risquent de perdre leur emploi. Cette pratique peut avoir des dérives lorsque les salariés sont incités à accepter des promotions sans compensation adéquate, ou pire, lorsque l'on leur laisse entendre qu'une promotion pourrait leur être attribuée, mais sans jamais concrétiser cette promesse.
Dans certains cas, les employés sont effectivement promus, mais cette promotion s'accompagne d'une surtaxe de travail, sans qu'une augmentation de salaire ne suive. Cette situation peut rapidement engendrer une frustration et un épuisement des employés. «Certaines personnes veulent progresser et sont prêtes à accepter plus de responsabilité», constate Xavier Parent-Rocheleau, professeur en gestion des ressources humaines à HEC Montréal. "Cependant, si l'entreprise pousse trop loin cette pratique, cela risque d'entraîner une surcharge de travail pour des collaborateurs déjà épuisés, dans un contexte où la santé mentale des travailleurs est un sujet de souffrance grandiose", ajoute-t-il .
Les risques d'exploitation discrète
La limite du « recrutement tranquille » réside dans la possibilité de sombrer dans une forme d'exploitation discrète des employés. Dans certains cas, ces derniers, déjà épuisés, sont poussés à accepter des responsabilités supplémentaires sans compensation adéquate. Pour éviter cette dérive, il est essentiel de faire preuve de transparence envers les salariés et d'expliquer les raisons qui motivent cette approche, en particulier lorsqu'il est impossible de pourvoir un poste vacant. En outre, les entreprises doivent être conscientes de l'importance de l'équité et de la modération dans l'application de cette méthode.
Le « recrutement tranquille » peut être perçu comme une pratique bénéfique pour l'entreprise en termes d'économies et d'efficacité. Cependant, cette méthode ne doit pas se faire au détriment du bien-être des salariés. Si cette pratique est utilisée de manière excessive, elle peut engendrer un mal-être chez les employés et mettre en danger leur santé mentale. Les entreprises doivent donc adopter une approche équilibrée, faire preuve de transparence et s'assurer que les collaborateurs sont équitablement récompensés pour leurs efforts.
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