Le cacao est l'un des produits agricoles les plus précieux au monde, servant de matière première essentielle pour l'industrie du chocolat. La Côte d'Ivoire et le Ghana, deux pays d'Afrique de l'Ouest, dominent ce marché mondial en fournissant à eux seuls plus de 60 % de la production mondiale de fèves de cacao. Leur suprématie s'explique par plusieurs facteurs, notamment les conditions climatiques favorables, l'histoire de la culture du cacao, le rôle des gouvernements, ainsi que les enjeux économiques et sociaux liés à cette industrie.
Dans cet article, nous allons explorer en détail pourquoi ces deux pays se sont imposés comme les leaders mondiaux du cacao et quels sont les défis auxquels ils font face.
1. Un climat et des sols idéaux pour la culture du cacao
L'une des principales raisons expliquant la domination de la Côte d'Ivoire et du Ghana sur le marché du cacao est leur climat. La culture du cacaoyer (Theobroma cacao) nécessite des conditions particulières pour prospérer :
- Température : Entre 21 et 32 °C tout au long de l'année.
- Humidité élevée : Supérieure à 75 %, ce qui permet aux cacaoyers de se développer.
- Pluies abondantes : Une répartition équilibrée des précipitations tout au long de l'année est essentielle.
- Sols riches et bien drainés : Les sols ferrugineux et bien irrigués d'Afrique de l'Ouest sont parfaits pour cette culture.
Ces conditions sont réunies en Côte d'Ivoire et au Ghana, notamment dans les régions forestières du sud où se concentrent les plantations.
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2. Une longue tradition de culture du cacao
L'histoire du cacao en Afrique de l'Ouest remonte à la période coloniale. Introduit par les Européens au XIXe siècle, le cacao s'est rapidement imposé comme une culture de rente majeure.
Au Ghana, la culture du cacao a été introduite en 1879 par Tetteh Quarshie, un agriculteur ghanéen qui aurait ramené les premières fèves depuis l'île de Fernando Po (actuelle Bioko, en Guinée équatoriale).
En Côte d'Ivoire, la culture du cacao s’est développée sous l'impulsion des colons français. Après l’indépendance en 1960, le pays a adopté une politique agricole encourageant la culture du cacao à grande échelle, ce qui lui a permis de dépasser le Ghana en tant que premier producteur mondial dès les années 1970.
3. Le rôle des gouvernements et des politiques agricoles
Les gouvernements ivoirien et ghanéen jouent un rôle clé dans la structuration et la régulation de l'industrie du cacao.
En Côte d'Ivoire
Le Conseil Café-Cacao (CCC) est l'organe chargé de réguler l’industrie. Il fixe chaque année le prix minimum garanti aux producteurs, contrôle les exportations et assure la qualité des fèves ivoiriennes sur le marché international.
Au Ghana
Le Ghana Cocoa Board (COCOBOD) joue un rôle similaire en achetant le cacao aux producteurs à un prix fixé par l'État. Il investit également dans la recherche agricole, la formation des producteurs et la lutte contre les maladies du cacaoyer.
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4. Un marché structuré par les grandes multinationales
La Côte d'Ivoire et le Ghana ne transforment qu'une petite partie de leur production. La majorité des fèves est exportée vers des multinationales comme Barry Callebaut, Cargill et Nestlé, qui contrôlent une grande partie du marché.
5. Les défis de la domination du cacao
La dépendance économique au cacao
Le cacao représente environ 40 % des recettes d'exportation de la Côte d'Ivoire et 20 % pour le Ghana. Cette dépendance rend ces économies vulnérables aux fluctuations des prix mondiaux.
Les conditions de travail et le travail des enfants
L'industrie du cacao est souvent critiquée pour ses conditions de travail difficiles et la présence du travail des enfants.
Les défis environnementaux
La déforestation est un problème majeur lié à l’expansion des plantations de cacao. La Côte d'Ivoire a perdu près de 80 % de ses forêts en 60 ans.
6. Vers une transformation locale du cacao ?
Pour accroître leurs revenus, la Côte d'Ivoire et le Ghana cherchent à transformer davantage leur cacao sur place.
- En 2019, les deux pays ont annoncé un prix plancher de 2 600 $ par tonne et une prime de 400 $ par tonne.
- Des investissements sont réalisés dans des unités de transformation locale
La Côte d'Ivoire et le Ghana dominent le marché du cacao grâce à un climat favorable, une longue tradition agricole, et des politiques gouvernementales structurées. Toutefois, cette domination s’accompagne de défis majeurs, notamment la dépendance économique, les conditions de travail des producteurs et les impacts environnementaux.
Pour l’avenir, ces deux pays cherchent à améliorer la transformation locale du cacao et à garantir un revenu plus stable aux producteurs.
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