En France, une infime partie de la population détient une part significative du patrimoine et des revenus du pays. Ces ménages, appelés "très hauts patrimoines" (THP) et "très hauts revenus" (THR), représentent environ 0,1 % de la population. Mais qui sont-ils réellement ? Combien sont-ils et comment se distinguent-ils du reste des Français ? Cet article explore en détail leur profil, leur évolution et leur impact économique.
Définition et nombre des foyers les plus riches
Les "très hauts patrimoines" (THP)
Les THP désignent les foyers possédant un patrimoine supérieur à 2,7 millions d'euros, en prenant en compte l'immobilier et les placements financiers. En 2016, la valeur moyenne de leur patrimoine atteignait 10,2 millions d'euros, soit une augmentation considérable par rapport à 2003, où elle était de 5,3 millions d’euros.
Ces foyers sont au nombre de 40 700 en France. Contrairement à la majorité des Français, dont la richesse est principalement investie dans l'immobilier, leur patrimoine est essentiellement constitué de capitaux mobiliers (79 % en 2016).
Les "très hauts revenus" (THR)
Les THR sont les foyers ayant un revenu annuel d’au moins 463 000 euros en 2022. Leur revenu moyen est cependant bien plus élevé, atteignant 1,03 million d'euros par an, contre 32 000 euros pour la moyenne des Français.
Ils sont également 40 700, soit le même nombre que les THP, et possèdent des sources de revenus diversifiées : capitaux mobiliers, salaires élevés, bénéfices d’entreprises, revenus fonciers, etc. Cette diversité les distingue des 90 % des ménages français, qui dépendent principalement des salaires et des pensions de retraite.
Évolution du patrimoine et des revenus des plus riches
Une croissance plus rapide que le reste de la population
Sur les vingt dernières années, les revenus des THR ont progressé de 119 %, tandis que ceux du reste de la population n'ont augmenté que de 46 %. Cette forte croissance s’explique notamment par des réformes fiscales avantageuses, comme l’instauration du prélèvement forfaitaire unique ("flat tax") en 2018, qui a allégé l’imposition des revenus du capital.
Côté patrimoine immobilier, on note une augmentation moyenne de 18 % pour les très riches depuis 2017, atteignant 4,6 millions d'euros en 2022. En comparaison, le patrimoine moyen des autres foyers a progressé de 27 %, atteignant 250 000 euros.
Des revenus sensibles aux crises économiques
Si ces foyers ont connu une hausse impressionnante de leurs revenus sur le long terme, ils sont également plus exposés aux fluctuations économiques. Par exemple, lors de la crise des subprimes en 2009, leurs revenus ont chuté de 8,5 %. De même, en 2012, avec la crise de la dette souveraine, ils ont baissé de 6,4 %.
Profil démographique des très riches
Une population plus âgée
Les THP sont principalement des seniors : 76 % d'entre eux ont plus de 61 ans. À l’inverse, les THR sont légèrement plus jeunes, avec seulement 32 % de seniors, un chiffre proche de la moyenne nationale (34 %).
Un statut matrimonial bien particulier
Une autre caractéristique marquante de ces ménages est leur situation matrimoniale. 69 % des très riches sont mariés, contre seulement 42 % pour l’ensemble de la population. Cette proportion atteint même 74 % chez les THR. À l’inverse, seuls 16 % sont célibataires ou divorcés, un chiffre bien inférieur à la moyenne nationale de 58 %.
Une élite économique bien distincte
Les 75 000 foyers les plus riches de France forment un groupe relativement fermé, avec des profils bien distincts entre patrimoine et revenus élevés. Majoritairement âgés et mariés, ils bénéficient d’une diversification de leurs ressources et d’avantages fiscaux qui ont contribué à la forte croissance de leur fortune.
Si leur richesse s'est fortement accrue ces dernières décennies, ces foyers restent vulnérables aux crises économiques et aux changements législatifs. Leur place dans l'économie française reste donc un sujet de débat, notamment en matière de fiscalité et de justice sociale.


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